Le bruit des mots qui vibrent
au présent
INTERVIEW VIDÉO
BIO
« Nos vies partagées, chantées, dansées, pleurées, nos amitiés, c’est peut-être çà l’éternité. » Dans son nouvel album, Béatrice Bertho chante ses textes dans un élan vital, comme un hymne à l’essentiel et à la spontanéité. Passée par la production et l’enseignement, l’auteure compositrice a choisi dans ce deuxième opus de poser sa voix suave et enveloppante sur ses mots sensibles et forts qui, dit-elle le regard pétillant, « claquent à l’oreille et au cœur ».
On sent dans vos textes que vous partagez une sensibilité de plume avec des poètes et des chanteurs…
Je suis musicienne mais je me nourris de poésie et de littérature. Les auteurs m’ont toujours plus fascinée que les musiciens. J’aime la force de ces êtres. Nick Cave, Patti Smith, Bashung, Joan Baez, Brigitte Fontaine, Juliette, Benjamin Biolay , Gréco, Feu Chatterton… En poésie, je lis et relis Rimbaud, Césaire, Gaël Faye, mais également Walt Whitman, Lorine Niedecker, et Patti Smith, évidemment. Tout ce qu’elle a fait en termes d’écriture est une ligne de conduite pour moi, une direction vers la liberté. C’est à partir de toutes ces sources que j’essaie d’exercer la mienne. J’utilise le texte pour exprimer mes douleurs, d’enfance, d’adolescence, de femme… Je pars de ce qui est pour le transformer, ou de ce qui était pour rejoindre le présent transformé. Je suis moi-même surprise en écrivant ces titres, que ce soit Nos vies, Oui ou Forte, j’aime quand les mots parlent pour moi. Je touche ma vérité par l’écriture.
La musique a toujours été une pièce maîtresse de votre vie ?
La musique a joué un rôle dans toutes les étapes de mon existence, depuis l’église du village où je jouais enfant de l’orgue en Bretagne. A l’adolescence, j’ai eu envie d’une guitare et à partir de là, j’ai chanté tout ce que je pouvais chanter. J’ai remarqué que les gens m’écoutaient et que j’avais une place.. Adulte, après mes études dans le socio-culturel, je suis devenue productrice, avec des tournées à l’international, dans les musiques du monde. Mais quelque chose me manquait et l’envie de faire moi-même de la musique m’a poussée à rentrer à Paris où j’ai donné des cours de guitare et de chant pour lancer mes propres projets, il y a dix ans. Et je me suis prise au jeu de la pédagogie, c’est génial de pouvoir transmettre et de voir comment cela résonne chez des élèves, de les voir grandir avec la musique. On marche ensemble, sans se juger en prenant les gens où ils en sont. Comme moi, je me prends où j’en suis.
Quelle est la genèse de ce nouvel album ?
C’est un album où j’ai eu envie d’aller à l’essentiel. Davantage que pour le premier, où je voulais montrer tout ce que je savais faire. Pour celui-ci, je ne joue pas de guitare, j’avais un vrai désir de n’être que chanteuse pour rentrer dans le son des mots. Le confinement m’a aidée, tout ce temps offert m’a collée à l’écriture et au vide que j’ai rempli de manière créative. J’ai tout composé. Les chansons sont venues par l’écriture, en laissant les mots résonner dans mon corps.
Julie Connan
TEXTES
L'AURORE
L’aurore est là, l’aurore est là
Prête à sortir du bois.
Le rôdeur l’attendra, Le marcheur l’étreindra.
L’aurore est là, l’aurore est là
La métaphore dans les pas.
Le poète rejoint la lumière ici bas.
L’aurore est là, l’aurore est là
Exorcise en toi,
Les lamentables nausées de ton monde en pitié.
l’aurore est là, l’aurore est là
déjà ouverte sur la masse des heures à venir.
Le périple est prometteur, la vision est grandeur.
L’univers est sonore,
Changement de décors.
L’aurore est naturelle et charnelle.
l’aurore est là, l’aurore est là.
Elle recueille du doux de ses doigts
la caresse du temps qui s’installe au présent.
L’auror est là, l’aurore est là.
La poète marche au pas.
l ‘animal fraichement s’éveille, sort du bois et du sommeil.
L’univers est sonore,
Changement de décors.
L’aurore est naturelle et charnelle.
L’aurore est là, l’aurore est là.
La bête entend et voit
Le chant de l’homme et du divin se trouver.
L’aurore est là, l’aurore est là.
L’humain est l’être naturel, essentiel et charnel.
L’univers est sonore,
Changement de décors.
L’aurore est naturelle et charnelle.
L'AVENTURE
Je quitte ma peine ce matin
Je renonce à celle des anciens
J’emporte mes désirs et mes mains
Je pars à l’aventure, demain
Les âmes libres sont sur le bord
De la route, et me parlent sans efforts
Les âmes libres ont dans leur corps
L’audace et le réconfort
Je marche seule, je suis l’amie
Je marche seule, je prie, je crie.
Je marche seule et je jubile ;
J’adhère au sol et à l’exil.
J’aime rougir devant les feux
J’aime le sourire des audacieux
L’élan, l’envol et les adieux,
la liberté brille dans les yeux
Les enfants ont chanté de bonne heure
Pour ouvrir le fond et le cœur.
Je suis la sœur, l’amie, l’amante et la peur.
Je suis la femme et le vainqueur.
Je marche seule, je suis l’amie
Je marche seule, je prie, je crie.
Je marche seule et je jubile ;
J’adhère au sol et à l’exil.
L’aventure me voit sourire et briller
L’aventure est sans pitié
Je marche seule, je suis l’amie
Je marche seule, je prie, je crie.
Je marche seule et je jubile ;
J’adhère au sol et à l’exil.
LE LONG DU FLEUVE
Le long du fleuve
Les abîmes disparaissent
Emportés par le fil vagabond
Des lointaines renverses.
Les orphées apparaissent
déchainées, libérées
indicible odyssée,
Le long du fleuve
Au fil du temps
Les années ont usé
Les corps et les serments
Pour dire le présent.
Qui aura encore faim
dans l’été des marins
la saison nous attend
Au fil du temps
Au fond des vies
L’existence s’habille
De nouveaux paradis
La jouissance est ici.
L’audace dissipera
Les pensées en corsages
Arrive le sauvage,
Au fond des vies
Au creux des hommes
L’amour désarme
Subsiste t-il en ce lieu
Quelques traces quelques âmes
La femme se dresse
D’une allure souveraine
Elle marche vers sa paix
Et vers la paix des hommes
FORTE
Telle une enfant que
l’océan devine
la fillette se lève
et peine à grandir
épaissie de désirs
silencieux et soucieux
Elle retient, Elle retient
Telle une fille que
le chemin redessine
La fille se rêve
Aimable à en guérir
et se cache pourtant
engoncée, dans l'attente
Elle hésite. Elle hésite
Telle une femme que
la vie embobine
la femme relève
les yeux et abandonne.
Elle déploie de ses sons
l’opulence du frisson
elle chante, elle chante
Telle une femme qui
sourit secrète à l’homme
La femme élève
le corps et déleste
les mondes alourdis
des inutiles pestes
elle souffle, elle souffle
C’est l’humaine que
La terre ravine
La femme soulève
Fragile forteresse
Les embruns, l’amour
dans un cri au grand jour.
Elle aime, elle aime, elle aime
NOS VIES
Nos vies denses, nos vies de transe, chance ou pas chance, nos vies prennent un sens.
Nos vies qu’on trimballe et qu’on déballe comme des casseroles du fond d’la malle
Nos vies abîmées, endommagées, bricolées puis réparées, au fond y’avait pas grand chose à jeter.
Nos vies partagées, chantées, dansées, pleurées, nos amitiés, c’est peut-être çà l’éternité
Nos vies, nos familles humaines, et de corps, seront elle la boîte et le pandore ?
Nos vies privées d’amour et du reste, reste le courage d’oser nos vies.
Nos vies de luttes acharnées, enragées, engagés à brandir nos chants et nos libertés
Nos vies d’amour nos vies velours, que l’on bâtit et que l’on savoure
Nos vie secrètes, discrètes, jardin des poètes où seuls les mots ont des paillettes
nos vies de château, à la campagne, nos vies de champagne, vie de bohème et chienne de vie,
nos vies de fortune, nos vies communes, nos vies entières, nos vies d’enfer,
Nos vies qu’on sauve, les vies qu’on donne, la vie qu’on fait ou qu‘on s’raconte,
les train de vie, les vies qu’on traine, les vies qu’on aime… les vies qu’on aime….
Tous droits réservés à Béatrice BERTHO Auteure. 2022
POÉSIES
UN AUTRE TEMPS
Un autre temps
Une autre terre
Un autre vent
Une autre mer
Un autre part
Dans mon histoire
sentir ailleurs
l’apesanteur
Un autre amour
Pour de beaux jours
Un autre chant
Retentissant
Un autre clan
De but en blanc
Prendre la vie
Comme elle se dit
Un autre goût
Beaucoup plus doux
Une saveur
Bien supérieure
J’aimerais fondre
De plaisir
Et me confondre
dans tes cuirs
Un autre toi
Au fond de moi
Une maison
Notre raison
A l’intérieur
règne l’odeur
et la fraîcheur
de la bonne heure
un autre monde
pour une même vie
une autre vie
ici se fonde
Un autre vin
autre festin
Un nouveau sang
Sans ascendant.
Une autre voie
Pour dire la joie
Nouvel été
1 ère année
Un autre tout
Un autre nous
Je viens vers vous
J’ai rendez vous
LA BRAISE
Le phosphore et le feu
L’enfance est une force
L’amour me ferait fondre
J’entendais dans le fond,
La femme et sa folie
Fulminant sans faiblesse
Les fantasmes et l’enfer
Les pensées finalisent
L’existence et la foudre
L’orage est en mon cœur
La braise reprend sa flamme
Le souffle sera mon feu
Ma folie et ma vie
Je rêve de la braise
Que le cœur emmitoufle
Laissant battre ses ors
Et trésors en tous lieux
L’envie ne suffit plus
Les étoffes s’enflamment
Mon feu est différent
des foyers de famille
la braise ne s’éteint plus
elle rougit sans effort
je serai à genoux
si mon cœur au final
s’ouvre à votre figure
j’accepte votre flamme
je vous offre mon feu
la braise est infinie
de rouge et de chaleur
dans l’âtre d’une vie
elle réside, elle demeure
insatiable d’amour
de patience et d’eau fraîche
une vie suffira à goûter sa saveur
Tous droits réservés à Béatrice BERTHO Auteure. 2022